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Le Liban est-il le pays du vivre ensemble ?

21 septembre 2021 Paroles de dirigeants
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« Le Liban est à la croisée des civilisations orientale et occidentale, un mélange de cultures. Avec ses 18 confessions religieuses et son espace restreint (10,452 Km2), il est un exemple extrême et condensé de pluralisme. La communauté chrétienne a toujours été présente dans cette contrée, depuis que les pieds de Jésus-Christ l’ont foulée.


Le Liban moderne s’est construit sur une volonté commune de « partager une même citoyenneté » entre personnes de croyances diverses. Dans sa Constitution, il mentionne spécifiquement « Aucune légitimité n’est reconnue à un quelconque pouvoir qui contredise le pacte de vie commune ». C’est dans ce contexte que les Chrétiens ont choisi de vivre et de s’engager. L’esprit du pacte Libanais de 1943 tient en ce que les citoyens non seulement ne se départissent pas de leur confession et croyance, mais s’engagent à respecter, connaître et comprendre les confessions des autres, et même à les protéger. Dans ce contexte très particulier, est-il facile ou difficile de mettre en œuvre la PSC ?


Du fait du marasme ambiant, les chefs d’entreprises sont plus préoccupés par la survie à court terme, et ne peuvent se permettre d’allouer des ressources à d’autres considérations. La majorité des entreprises libanaises sont de type familial et de taille réduite. La valorisation du travail des collaborateurs et le respect de leur dignité est tributaire de l’esprit paternaliste du patron, ou de son humeur. Mais l’engagement social de l’entreprise se résume souvent à des actions caritatives ponctuelles qui donnent “bonne conscience”, plutôt qu’à la mise en place de processus sociaux pérennes et structurés. Par ailleurs, le système judiciaire, corrompu et défaillant, incapable d’assurer protection et recours, entrave toute initiative sociale inspirée de la PSC, laquelle conduit souvent à des représailles d’ordre fiscal de la part de l’administration publique (autant pour les salariés que pour le patron).

 

Mais de par la tradition, l’esprit de solidarité sociétale, familiale et citoyenne a de tout temps constitué un "filet de sécurité" au niveau individuel, palliant ainsi la carence de l’État. Vatican II a donné naissance à une multitude d’initiatives communautaires et associatives, par secteur social ou professionnel. Leur mobilisation basée sur la foi vise à mettre en place une action sociale tangible et structurée. Au fil des âges, le Liban a toujours été le havre qui accueille les minorités opprimées de tous les pays environnants.
Ceux-ci s’y installent comme réfugiés ou migrants et, sur le long terme, en deviennent parfois des citoyens. Dans ce creuset, chacun cherche à
pratiquer son appartenance confessionnelle et culturelle, et n’hésite ni à
l’exhiber ni à la revendiquer.

 

Nos entreprises sont à l’image de notre pays, et sont soumises au défi de concilier les diverses contraintes contradictoires et souvent conflictuelles qu’impose cette diversité, et qui impactent les capacités et la rentabilité de l’entreprise. Pour l’entrepreneur, la tentation est de donner la priorité à la performance de l’entreprise, sans considération pour les attentes matérielles, morales, culturelles et confessionnelles des collaborateurs. Dans notre contexte de crise économique sévère, de nombreux patrons recourent à des licenciements massifs ou des réductions de salaire, sachant qu’il n’existe au Liban aucune indemnité de chômage qui pourrait compenser. D’autres patrons n’hésitent pas à mettre leurs liquidités personnelles en jeu pour fournir à leurs employés un revenu permettant une survie décente dans la dignité, en attendant des jours meilleurs.


Un des rôles des EDC-Liban consiste à encourager un nombre croissant de patrons à une prise en compte accrue de leurs collaborateurs et de leur diversité, même lorsque ceci impose un coût pénalisant à l’entreprise. Il peut s’agir d’initiatives ponctuelles, ou même d’une institutionnalisation des solutions. Depuis le 19 octobre 2019, le Liban a vécu un soulèvement populaire dû à la corruption politique, une détérioration économique sans précédent (la monnaie nationale a perdu plus de 80% de sa valeur, les banques sont dans l’incapacité de restituer aux déposants leurs avoirs, 60% de la population se retrouve en dessous du seuil de pauvreté), et une explosion apocalyptique (le 4 août 2020) qui a détruit le Port de Beyrouth et une bonne partie de la capitale (200 morts, 6 000 blessés, 300 000 familles sans abri). Tout compte fait, dans le contexte Libanais, malgré les conséquences catastrophiques des mesures de confinement, la COVID reste une épreuve naturelle supportable comparée à ce qui précède. »

 

Source : Cahier des EDC La pensée sociale chrétienne pour tous les hommes de bonne volonté ?




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