L’explosion des capacités d’information transforme-t-elle notre rapport à la réalité ?

Depuis une trentaine d’années, la circulation de l’information ne cesse de s’accélérer. Grâce à l’émergence de l’Internet, puis celle des réseaux sociaux, l’usage des outils collaboratifs, enfin la mobilité numérique…, l’information devient abondante, immédiate et gratuite.

Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une « économie de la connaissance ». De fait, l’évolution de la technologie transforme la façon dont on accède aux données. Si elle concerne moins directement la façon dont on produit la connaissance elle-même, elle modifie profondément notre façon de réfléchir et de connaître. Nous savons pouvoir compter sur le web pour aller chercher une information, que nous ne mémorisons donc plus : le web devient en quelque sorte une mémoire fonctionnelle annexe de notre cerveau (L’imagerie médicale a permis de mettre en évidence les modifications de notre cerveau liées aux nouveaux modes de communication). « Nous déléguons aux moyens techniques une grande part du travail sensoriel. Ainsi les photos nous économisent un effort d’observation, d’écoute et de mémorisation. »

Que faire pour renforcer la capacité de jugement de nos collaborateurs ?

  • Pour maîtriser ces immenses capacités mises à notre disposition, les entreprises doivent bien sûr développer leur maîtrise de la connaissance, mais aussi renforcer la capacité de jugement des collaborateurs. Pour cela :

    • Maîtriser l’accès aux technologies et organiser l’information dans l’entreprise[185.La maîtrise des nouvelles technologies est une compétence aujourd’hui nécessaire pour être efficace dans son travail. Elle concerne tout le monde et n’est pas qu’une question de génération.]. Au-delà de la capacité à trouver de l’information, être capable d’intégrer des données en nombre de plus en plus important, sélectionner celles qui ont du sens par rapport aux objectifs4 et en organiser la circulation.
    • Développer un sens critique et une capacité de réflexion chez les collaborateurs. Apprendre à comprendre, juger, évaluer… Le rapport actuel aux médias exige une prise de recul par rapport à l’information : qui en est l’auteur ? quel était son objectif ? dans quel contexte a-t-il produit cette information ? Par ailleurs les réseaux ne sont pas protégés de la démagogie, du parti-pris ou des effets de foule.

La puissance de la technologie ne doit pas fasciner au point de faire oublier la nécessité d’une recherche de la vérité.

La puissance de la technologie ne doit pas fasciner au point de faire oublier la nécessité d’une recherche de la vérité. La technique a une logique en elle-même, la recherche de l’efficacité peut faire oublier la nécessité de rechercher la vérité.

La révolution numérique bouscule les cultures… « Puisse-t-elle ne pas appauvrir l’homme dans le subtil apprivoisement de son mystère, le priver des ressources patiemment accumulées par des siècles d’expériences et la polyphonie des civilisations ». (Bruno Cazin dans La transition Fulgurante de Pierre Giorgini, éd. Bayard 2014, p 299)

  • Rapprocher l’univers numérique et la réalité. La complémentarité des deux univers est à trouver. Aujourd’hui, plus personne ne pense que ces univers s’opposent, mais tous pensent au contraire à les rapprocher. La juste approche consiste sans doute à se donner les moyens de rester en contact avec le concret et de rapporter le numérique au concret.

Comment maîtriser cette « nouvelle réalité » qu’est le monde numérique. La quête de la vérité « qui consiste à aller au-delà des représentations pour atteindre la réalité » ne devient-elle pas plus ardue ?

Enfin, le développement de la culture de l’image rend difficile la représentation de la vérité en général, et du fait scientifique en particulier : les images frappent, elle ne démontrent pas. Elles s’adressent à nos émotions, pas à notre réflexion.

Editorial 2023 dans la revue Dirigeants chrétiens de Pierre Collignon

 

Questions pour le partage en équipe

Et vous, dans votre entreprise, comment cela se passe-t-il ?
Des questions à vous poser individuellement ou en équipe EDC.

  • Comment nous informons-nous ? Comment prenons-nous du recul par rapport à l’information ?
  • Comment l’accès à l’information est-elle organisée dans mon entreprise ? Comment trouve-t-elle son sens ?