Epanouissement au travail : quel mode de management ?
Cette question renvoie aux responsabilités que le chef conserve dans une organisation subsidiaire. La subsidiarité n’exclut pas l’autorité d’un chef mais précise ses rapports aux salariés.
Dans la langue française, le mot autorité vient du latin auctoritas, capacité de faire grandir. L’autorité est le pouvoir de commander, d’obliger à quelque chose, d’être obéi. « Celui qui a autorité sur moi doit augmenter mes connaissances, mon bonheur, mon travail, ma sécurité, il a une fonction de croissance. La véritable autorité est celle qui grandit l’autre », ajoute Michel Serres (philosophe et professeur à Stanford).
Source : Cahier Pouvoir et autorité du dirigeant
Le principe de subsidiarité suppose une considération pleine et entière du bien de l’autre et vise ainsi à son développement intégral.
Il touche à ce qu’il y a de plus essentiel et de plus profond mais aussi de plus concret dans la vie de tout homme : prier, travailler, aimer… C’est un point de départ pour la réflexion de tout dirigeant.
Le principe de subsidiarité est susceptible de promouvoir un développement humain et social. Il permet aux corps intermédiaires de développer leurs fonctions : « Ce principe s’impose parce que toute personne, toute famille et tout corps intermédiaire ont quelque chose d’original à offrir à la communauté. L’expérience atteste que la négation de la subsidiarité ou sa limitation au nom d’une prétendue démocratisation ou égalité de tous dans la société, limite et parfois même annule l’esprit de liberté et d’initiative. » (Source : Compendium de la DSE §18)
« Agir par soi-même est une joie, individuellement ou ensemble. Il s’agit d’augmenter et d’embellir le monde. Ce que les politiques ne savent pas en France, c’est ceci : bien souvent l’autonomie a plus de prix que l’efficacité de l’action. Les villageois font peut-être moins bien que l’énarque venu de Paris : oui, mais c’est leur action. L’efficacité, la rentabilité, la performance technique: tout cela, dans une certaine mesure, est moins important que la joie de l’acte libre. »
Chantal Delsol in Revue Dirigeants chrétiens 79
Le dirigeant doit en effet veiller à organiser son entreprise de façon à mettre chaque personne et chaque entité en situation de pouvoir prendre les décisions qui les concernent.
Les collaborateurs et les entités doivent être libres de prendre les initiatives requises par leurs missions. L’attribution des pouvoirs et l’organisation des processus doivent être conçues en ce sens. Les outils de contrôle ne doivent pas reprendre ce qui a été donné. Ainsi la multiplication des contrôles, les reportings trop détaillés… Le principe de subsidiarité demande de penser les contrôles pour qu’ils soient vraiment au service de ceux qui sont responsables.
La subsidiarité dans le management repose sur la personnalité créative du collaborateur
L’homme comporte une dimension que l’on peut appeler « personnalité créative » : l’expression est empruntée à Jean-Paul II dans Sollicitudo rei socialis (§ 15). Elle est reprise dans le § 185 du Compendium à propos de la société civile, conçue comme « l’ensemble des rapports entre individus et entre sociétés intermédiaires, les premiers à être instaurés et qui se réalisent grâce à « la personnalité créative du citoyen ». Le réseau de ces rapports irrigue le tissu social et constitue la base d’une véritable communauté de personnes, en rendant possible la reconnaissance de formes plus élevées de socialité. » C’est à la protection de ces formes élevées de socialité qu’est ordonné le principe de subsidiarité.
Pourquoi parler de personnalité créative ? En un certain sens, nous sommes tous capables d’inventivité et, diraient les économistes, d’esprit d’entreprise. Le pape Benoît XVI, dans sa dernière encyclique, se plaît à rappeler que l’entrepreneuriat doit être compris de façon diversifiée, qu’il a une signification humaine parce que tout travail peut être vu comme un actus personae ; ce n’est pas sans raison, dit-il, que Paul VI enseignait que « tout travailleur est un créateur » (in Populorum progessio §27). À partir du moment où nous connaissons des ressources humaines et matérielles, que nous rencontrons aussi des besoins, nous établissons le contact (entreprendre signifie établir des contacts entre fournisseurs et consommateurs, ressources et besoins).
Ils ont expérimenté la subsidiarité dans leur entreprise
Et vous, dans votre entreprise, comment cela se passe-t-il ?
Vous pouvez vous poser ces questions individuellement ou en équipe EDC.
- Quelle est la place réelle des personnes et des équipes dans mon entreprise ?
- Est-ce que je m’intéresse à leurs talents ? à leur potentiel ?
- Jusqu’où suis-je prêt à faire confiance à mes équipes ? Suis-je prêt à vraiment lâcher prise ?
- Le projet de l’entreprise donne-t-il vraiment du sens au travail de chaque collaborateur ? Est-ce que chacun s’y retrouve ?
- Mes collaborateurs ont-ils intérêt à respecter le principe de subsidiarité ?
- Sont-ils dans la situation où ils ont intérêt/il leur est plus facile d’exercer leurs pouvoirs/responsabilités dans le sens du projet de l’entreprise ?
- Les critères et le processus d’évaluation ainsi que les modes de rémunération incitent-ils à respecter le principe de subsidiarité ?
- Les contrôles respectent-ils l’autonomie des collaborateurs ? la confiance donnée aux collaborateurs ?
- Chaque collaborateur est-il en situation de faire tout ce qu’il est en capacité de faire pour exercer ses responsabilités ?